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Watashi no yume

19 juin 2009

llll

Récapitulatif des courants littéraires :

L’humanisme (XV

em et XVI

em siècles) : c’est un courant littéraire qui apparaît avec la renaissance et qui place l’homme au centre des préoccupations, et donc le savoir et la connaissance. C’est une sorte de renouveau de la littérature en prenant pour modèle l’antiquité (Cicéron, Virgile, Plaute, Hésiode, Ovide etc.) ; Rome est particulièrement pris pour modèle, ainsi que

la Grèce

antique (Aristote et Platon, notamment) au niveau de la rhétorique et de la poésie, ils deviennent des modèles à imiter, et à parfaire. Ce sont des auteurs tels que Ronsard, Du Bellay, Rabelais, avec la défense et illustration de la langue française, les réformes religieuses –Luther et Calvin avec leurs ouvrages, les sonnets qui participent à l’expansion de l’humanisme.

Le classicisme (XVII em siècles) :

Le classicisme est un mouvement esthétique du XVII em siècles qui se traduit par la raison (en philosophie, avec Descartes, Pascal et Spinoza, notamment) ; c’est l’ordre qui règne, tout est droit, carrée, bien mis à sa place, structuré, pensé, bien raisonné. C’est aussi le souci de l’universel ainsi que des règles de bienséances et de vertu. En littérature, cela se traduit par une vision idéal de l’homme juste, droit, vertueux, qui sait voir le juste milieu des choses, être agréable, raisonné. Ce sont des tragiques, comme Racines, des moralisateurs comme

La Bruyère

ou

LA Rochefoucauld

, des poètes comme Boileau, La fontaine.

Le Baroque (XVII em siècles) :

Mouvement parallèle et contraire au classicisme, le Baroque n’est point raisonné, mais courbe, plein d’émotions ; c’est le mouvement, l’action qui est mis en avant, la fougue, l’amour passionné, le sentiment qui transparaît avant tout. LA structure, l’ordre, tout cela passe après. Cependant, c’est également l’expression du pouvoir royal (de Louis XIV à l’époque). C’est un idéal bien plus passionné de vertu et de justice qui s’exprime non plus par l’ordre, mais par la déraison, l’expression du sentiment. Ce sont des auteurs comme Corneille, ou Molière (Dom Juan, par exemple) qui en sont les représentants.

Les Lumières (XVIII em siècles) :

Les lumières est un courant du XVIII em siècle qui se caractérisent par sa volonté de se servir de son entendement pour appréhender les choses. Autant en philosophie qu’en poésie et en littérature, les lumières exercent leur esprit critique pour discerner la vérité et aboutir à un avenir meilleur, quitte à critiquer l’église, les mœurs, les abus du pouvoir, les injustices, les incompréhensions. On admire particulièrement le modèle Anglais (notamment Voltaire). En France, les auteurs prédominants seront Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu et Fontenelle. En Allemagne, ce seront des philosophes tels que Kant qui prévaudront et Hobbes en Angleterre (respectivement critique de la raison pure et le Léviathan).

Le romantisme (première moitié du XIX em siècles) :

Ayant pour source des préromantiques tels que l’abbé Prévost, Rousseau ou Madame de Staël, le romantisme est un courant littéraire qui se traduit par une volonté de lyrisme, de fuite de la réalité vers des horizons plus beaux, une sorte de début d’exotisme aussi (Musset, notamment) ; c’est l’épanchement de l’âme dans la nature, considéré comme une mère, et du mal du siècle ; les romantiques reprennent les figures antiques pour illustrer leur propos et retournent dans la littérature Médiévale. Ce courant est surtout représenté par des auteurs comme Lamartine, Musset, Victor-Hugo ou Vigny ; on trouve aussi les sources de ce romantisme dans Goethe (les souffrances du Jeu Werther, et Faust) ainsi que dans Schieler.

Le réalisme (majeur partie du XIX em siècles) :

Le réalisme est un courant parallèle au romantisme et qui s’y oppose même (parfois des auteurs furent d’abord romantique, puis réaliste, c’est le cas de Flaubert, avec Madame Bovary qui critique le romantisme). Les réalistes veulent peindre la réalité humaine, même dans ses recoins les plus intimes, sordides et malsains. Ils veulent décrire la réalité dans ses composantes sociales, psychologiques et historiques. Mais non point dans les moindres détails des choses, dans ce qu’ils veulent montrer, par soucis de temps, de place, et d’ennui pour le lecteur. Par soucis d’inutilité également. Ils considèrent que la description est ce qui précède l’action, et est même une action en tant que telle et qui permet de dépeindre d’autant mieux celle-ci. Ce sont des auteurs tels que Balzac, Stendhal ou Flaubert, qui se base sur des documents historiques, des observations détaillés, parfois à une touche d’imagination.

Le naturalisme (fin du XIX em siècles) :

Courant issue du réalisme, le naturalisme a pour chef de file Emile Zola avec le roman expérimental en 1880. La théorie de Zola est d’expérimenter à travers le roman les expériences en les dépeignant, pour en retirer la réalité historique, psychologique et politique selon le cas ; c’est un démarche non plus littéraire, mais scientifique, qui vise à montrer les choses, les expérimenter en les dépeignant. C’est la théorie naturaliste, le ‘naturel’ des choses. Ce sont des auteurs comme Alphonse Daudet, Emile Sola bien sûr, Guy de Maupassant, Jules Vallès ou encore aux frères Goncourt.

Le symbolisme (deuxième moitié du XIX em siècles) :

Mouvement qui refuse la représentation réaliste et rationnelles des choses, le symbolisme se traduit par l’utilisation de symbole, dans le but de transcender le monde ; courant quasiment exclusivement poétique, c’est un mouvement esthétique qui vise à représenter symboliquement les choses, tout en décriant un mal du siècle toujours présent avec l’apparition du spleen Baudelairien. Ce sont principalement des poètes comme Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, Baudelaire ou Jules Laforgue qui use des sens, des sons, des odeurs pour suggérer le divin, le mystique, au-delà tu réel.

Le surréalisme (début du XX em siècles, après la première guerre mondiale) :

Né après la première guerre mondiale, c’est un courant artistique qui va contre l’art qui se faisait jusqu’alors contre la morale et la société ; ils veulent expérimenter les jeux de langage, l’écriture systématique ; on veut rêver, délirer, aller dans l’inconscient. Ce sont des auteurs comme Eluard, Aragon, le cou coupe d’Apollinaire.

L'existentialisme (début et milieu de XXème) :


Ce mouvement philosophique et littéraire du début et milieu du XX èm siècle repose sur l'idée que l'existence humaine n'est pas déterminée par une essence préalable. Il met en avant la liberté individuelle et la responsabilité : chaque homme est maitre de ses actes et de son destin, selon Sartre, animateur du mouvement aux cotés de Simone de Beauvoir et de Camus.

L'absurde (XX em siècles) :


Plus qu'un mouvement, il s'agit d'une sensibilité qui s'exprime dans des oeuvres littéraires, essentiellement dans le théatre, où la condition humaine y est perçue comme contraire à la raison et dépourvue de sens. La solitude, le désespoir, la difficulté de communiquer confèrent aux personnages une dimension tragique (Camus, Beckett, Ionesco). Courant déjà commencé au cours du XIX em avec le pessimisme allemand représenté par Schopenhauer, et Hartmann.

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27 février 2009

Incipit tragoedia

'Lorsqu'innocente encore j'heurtais à la souffrance la douceur éphémère ...'

La vie est fugace, pareille à l’onde des ruisseaux rapides, tantôt lisse et calme, tantôt agitée et tumultueuse, elle va et vient en un flot continuel de bonheur et de souffrance ; De doux reflets moirés s’accrochent à ses eaux sous l’astre d’or, et la lune y épanche ses rayons délicats. Les ténèbres elles aussi, s’y perdent à jamais. L’existence est ainsi et noie tout dans sa course inexorable : Joie, peine, souffrance, tout cela est éphémère. Le temps coule et efface les souvenirs ; Tout homme est voué à jeter ses eaux dans l’océan de la mort.
Point encore n’est venue l’heure de la mienne ; ma carrière ne s‘est point achevée, tel l’astre d’or meurt, chatoyant une dernière fois dans les cieux avant de mourir dans un fleuve de sang. Pourtant, chaque infime instant qui passe, je l’appelle cette glorieuse déesse. Je la désire plus que tout au monde, je lui dédie ma vie tout autant qu’à l’espérance d’un jour nouveau ; rapide rayon de lumière dans mon âme. La faucheuse se rit de moi, m’invite à la suivre. Je n’ai jamais, cependant, la force de répandre sur moi la souillure des ombres et de la désolation. Mes ondes sont si troubles que je n’en vois plus le fond, je ne ressens qu’une hideuse sensation de peur et de désespoir. Et ma plume gratte furieusement le parchemin tâché d’encre que je froisse de mes mains jeunes encore. Tâché de sang. L’encre prends la couleur de l’incarnat, il s’y mêle le bleu du ciel et l’ocre de la terre ; cette nuit verra mon trépas, mes veines se vident peu à peu de leur sang infect, ma vie s’en va loin de moi, j’agonise lentement.
J’avais songé à m’immerger dans les sources chaudes non loin d’ici, et à m’endormir dans la paix, sereine et heureuse, bercé par le roulis délicat de la grande cataracte d’Enée ; un vent sauvage et libre m’aurait pris dans ses bras, et voltigeant de ça de là, j’aurais été libre. Mais le temps me presse et fuit ; il me faut mourir à présent. Tel est mon destin, inscrit en lettre de feu jusque dans mon nom.
Toutefois, avant de rejoindre enfin l’heureux séjour de mes pères, mon cœur désire encore écrire. Maintes fois déjà, il a décrit les horreurs de ce monde, la vanité des hommes et sa concupiscence ; il a engendré moult noirs récits lors de nuits sans lunes ou contemplant quelques fous danser le sabbat, la nuit du Walpurgis. Mais aujourd’hui, il ne veut que se libérer, que s’épancher un peu du pois si lourd et secret qu’il contient, scellé au plus profond de lui. Et moi toute entière, je ne peux lui refuser une telle chose. Ma vie défile devant moi, tourbillonne, vagit, m’hypnotise, ne cessant de voltiger en mon âme tel un kaléidoscope destructeur et rédempteur. Quelques larmes roulent sur mes joues haves et fatigués, perles de désespoirs où s’accrochent quelques vagues rayons de lunes. Une terreur irrépressible s’empare de moi ; je tremble d’effroi devant l’horreur de la vérité. Un gouffre noir s’ouvre sous ma plume et je ne puis qu’y plonger.
Malgré les réminiscences qui m’assaillent sans relâche, je ne sais où commencer mon récit ni comment. Je ne vois dans cette entreprise qu’un besoin égoïste et futile d’épanchement que je ne puis maîtriser. Je ne crois qu’en la velléité de mon cœur de se donner une raison quant à l’abjection de mon existence ; nul jamais n’a voulu de moi en vérité. Ceux qui le voulurent bien, du moins, sont morts depuis bien longtemps et errent dans le ciel, d’étoiles en étoiles. Tués par moi et ma folie. Oh ! Les feuillets s’enchaînent, les uns après les autres, mon sang coule, s’épand sur mon sein flétrit, sur ma plume et mon histoire, marquée elle aussi par l’affliction et les conflits sans fin. Et qu’importe après tout, que j’écrive ! Nul n’en a que faire à présent, il me faut juste m’abandonner au trépas et inscrire encore et encore lettres après lettres, mêler encore encre et sang, fleurs de ma vie de ma vie.
Mon sang coule, telle ma vie, hors de moi…Et se mélange au temps et à l’éternité…



« Il y’eut un éclair blafard, une tempête fugace et flamboyante ; il y’eut un instant l’éclat de la braise dans le ciel sans nuage, et le démon naquit… »

Quelque part sur les riants coteaux bordant la forêt des rêves, là où le zéphyr est doux et où le fils du soleil sur ses coursiers parés d’or et d’argent répand la douce ambroisie de ses rayons, se trouve un de ces lieux charmants et paisibles où tout est calme et tranquille, empreint de la sérénité des dieux. Nul ne s’y trouve malheureux tant le climat y’est favorable et les peuples qui l’habitent sont jovial et accueillant. Les terres, grasses et fertiles, entrecoupées par de lentes et silencieuses rivières se couvrent d’épis souples et champêtre ; les disettes et les famines sont là-bas inconnus et nul ne peut prétendre avoir souffert de quoique ce soit durant sa vie, si ce n’est des quelques accidents malencontreux que lancent le sort en riant sur les hommes heureux, et qui font plus de peur que de mal. Bien vite, les orages sont oubliés, et on rit bientôt cordialement en contant avec emphase et rhétorique ces aventures pittoresques et rocambolesques. Le pays est exempt de tout conflit, de toute guerre, de toute algarade, si petite soit-elle ; les habitants de ces contrées aiment à regarder défiler les nuages opalins et blanchâtres dans le ciel désespérément bleu ; tour à tour dragon effrayant, paysage romantique ou fier pégase aux ailes d’argents, ils émerveillent sans se lasser la populace rêveuse. Ce sont des gens oisifs ne pensant qu’à bien manger, bien boire, et bien dormir. Les hommes sont bons enfants et rieurs, les femmes coquines et serviables, et les enfants gras et plaisantins. Et toute cette joyeuse société cohabite de la manière la plus parfaite qui soit, dans l’harmonie égale et suave qui règne dans ce genre d’endroit où il fait bon vivre. Il s’exhale de ce pays le charme certains et paisible du règne de l’harmonie douce dont aime jouir les âmes tourmentées, ravagées par l’océan du doute et de la désillusion, et nul n’y est jamais venu pour en repartir ; rien n’est plus sûre que le caractère profondément heureux et inoffensif de ceux qui vivent là-bas, oubliés de tous. Leurs armes sont les houx et les faux émoussées qu’ils manient adroitement pour faucher le blé, leurs guetteur sont ces paysans débonnaires qui scrutent, indolent, de lointaines formes incertaines ; quant à leur armée, ce sont les hordes de femmes et d’enfants qui s’affairent en tout sens aux fourneaux, aux champs ou sur les sentiers déserts qui ondoient à travers les plaines verdoyants parsemés d’éclats d’or frémissant et de blanches toisons. Ils ont pour protecteur le soleil, pour tutrice la lune, et les douces fragrances qui balayent parfois, versatiles et facétieuses brises, sont leurs seuls véritables ennemis. C’est un pays de paix, de joie et d’équité, que nul n’a jamais fuit de son plein grés.
Cependant, comme à toute règle commune et éternelle, il faut toutefois une exception. Une exception méprisable et vile, concupiscente et corrompue ; un être abject qu’il convient de rejeter.
Un beau soir d’été, en ces merveilleux lieux d’hédonisme, alors qu’une fois encore le soleil s’éteignait à l’horizon lointain, aux terres d’Hesperies, dans une souffle de vent, fugace et mirifique, une femme mûre et accomplie, heureuse, mis au monde son premier enfant, consécration absolue et parfaite d’un amour passionné. Sous un arbre fruitier, répandant sur la terre de confuses ténèbres, le visage apaisé et serein, elle tenait son enfant dans ses bras, fruit de tant de souffrances et d’espérances perdues, l’allaitant de son sein palpitant. Un doux sourire de joie illuminait son visage angélique qui semblait aux cieux noirs, couvert d’une sueur glacée et poisseuse, tel le sang d’une blessure mortelle ; Blême sous son linceul de verdure, les lèvres à peine entrouverte, de son jolie visage ne s’exhalait plus le souffle de la vie ; Pâle et rigide, sa face souriante fixait les myriades d’étoiles qui scintillaient au firmament ; allongée sous un arbre fruitier répandant sur la terre de confuses ténèbres… L’enfant, de sa vaine existence, avait pris celle de sa mère.
Cet enfant criard aux yeux brûlant comme la braise, blasphème de l’homme contre la nature n’était autre que moi.

N’avez-vous jamais songé combien nous sommes tous monstrueux, en quelque sorte ? De nos préjugés iniques, de nos fausses appréciations sur autrui, nous avons le pouvoir de détruire, tant par la force de nos bras que par la puissance de nos paroles. Une lame qui fends l’air, tourbillonnante et mortelle ; un déluge d’injustices par une bouche prononcée, fendant l’âme et le cœur, quelle est la différence ? Une vie se brise et, pareil à une feuille morte est charriée par un zéphyr torride jusqu’aux confins du monde, aux limbes des enfers ou aux portes du Paradis. Les hommes sont prompts aux jugements et leur crainte ancestrale de l’inconnu et du différent les pousse à recommencer l’immarcescible cycle de la haine et de la diffamation ; quant à moi, je ne me suis aperçu de ma différence que longtemps après ma naissance.
Tout cela me semble si loin à présent… Mon esprit a bien du mal à recomposer les éléments épars d’une vie rarement heureuse. L’ai-je d’ailleurs été un jour ? Le sceau de la fatalité et de l’infortune me suit, où que j’aille, quoique je fasse ; j’ai tenté l’impossible, mais la marque des dieux est inexpugnable et nul ne peut défier la volonté de ceux d’en haut. Tout est que depuis l’horreur de ma naissance, je n’ai jamais cessé de tendre à la liberté. Être libre, tel le vent sauvage, versatile et insaisissable, frappant ici, s’effaçant en instant, s’affirmant un autre, voltigeant, tourbillonnant, tantôt silencieux et frais, tantôt impétueux et torride. Naît en prenant la vie d’une mère que je ne connaîtrais jamais que dans les cieux, je suis naît maudite : Corrompu par la société, esclave de ses pairs, l’homme n’est jamais que le pantin d’une volonté qui lui est supérieur ; la liberté n’est point pour lui et ses enfants.
Je ne puis affirmer n’avoir pas été choyée durant mon enfance. Aux antipodes de cela, je fus couverte de présents et d’affections par mon père, seul présent que le ciel m’ait octroyé, et les quelques voisins qui vivaient non loin de là, paisible et tranquille. Nul ne se souciait de moi, et ; à dire vrai, nul n’avait que faire du secret de ma naissance. Ainsi, à mon souvenir du moins, personne ne me fit le moindre mal, de quelques manières que ce soit. Pourtant, on ne me cacha jamais l’identité de ma mère et que j’en étais l’assassin. Jeune, je ne comprenais pas le sens de ces paroles gravement prononcés. Ne sentant dans l’intonation de la voix tremblante et blanche qu’il s’agissait d’un événement particulièrement important dont il ne fallait point rire ou s’amuser, mais au contraire accueillir avec respect et contenance, je ne disais mots et, prenant l’air le plus sérieux en ma possession, je faisais ainsi illusion de comprendre la chose et de m’en repentir gravement. Puis, la vie reprenait son long cours, calme et sans remous, rythmé par le chant des oiseaux et le clapotis de l’onde sur laquelle folâtrait quelques doux zéphyrs.
Souvent, après les travaux champêtres que j’effectuais dés mon plus jeune âge avec mon père, nous allions nous promener dans les bois, non loin de là. Il y’avait là une foule de délicates senteurs, de caches secrètes qu’il me fallait explorer, et tout un monde magique et merveilleux dans laquelle je passais des heures à jouer, m’imaginant tour à tour un espion œuvrant silencieusement dans l’ombre, un assassin invisible qui tel une brise fugace s’infiltrait en tout lieu, ou un de ces beaux nuages blancs et facétieux qui semble jouer dans les cieux. Une branche d’arbre faisait lieu de poignard ou d’épée, la voûte verdoyantes au dessus de nos têtes qui s’assemblaient à cathédrale noire des endroits ésotériques et étranges, d’obscurs mausolées et que sé-je encore. Je passais ainsi des heures dans la peau d’un mercenaire enragé, d’un combattant de l’ombre, libre et puissant, à accomplir maintes haut fait d’armes qu’il serait vains de compter ici tant il y’en a, aujourd’hui oubliés.
Ainsi passèrent les premières années de mon existence, douce, tranquille, non point heureuse car la vie des champs n’est pas de tout repos, mais agréable cependant, insouciante et ingénue.

Puis, après quelques années de cette vie humble et solitaire, j’eus la joie de n’être plus la seule fillette en ces contrées certes suave, mais sans l’agitation fébrile et intense dont je rêvais sans cesse. A quelques semaines d’intervalles, trois familles, vraisemblablement d’une richesse bien supérieure à la mienne, s’installèrent dans la région, à quelques centaines de pas de notre ferme. Toutes possédaient une ritournelle de bambin fatiguant et geignard qui me parurent inintéressant et impropre à parcourir en tout sens les bois, à l’heure où le soleil se couche, et où les ombres s’allongent. Toutefois, parmi tous ces êtres ennuyeux et braillards, deux garçons, bien formés, vifs et courageux, l’œil adroit, le geste volontaire attirèrent mon regard féminin déjà attiré par le charme viril des hommes. Très vite, nous fîmes connaissance et, comme bien souvent, nous devînmes en quelque sorte inséparable. Je leurs fis découvrir mes bois, mes jeux ; je leur confiais mes rêves de liberté, mes espérances, mon cœur tout entier ; en échange, ils m’offrirent le leur et l’amitié la plus sincère qui était leur. En échange de la connaissance des plaines ondoyantes, des bois profonds, des vents et des ondes, ils m’offrirent les connaissances du monde, l’histoire de Zanar, de la guerre et de ses répercussions, de ses dangers, de ses joies ; tout comme moi, ils rêvaient d’aventures rocambolesques, d’envolées de courages et de vertus ; ils rêvaient de combats sanglants et épiques, de duels héroïques, de gloires et de voluptés. Inie et Ephyr, tels étaient leurs noms.
Oh, ils n’étaient point exempt de défauts et de vices, nul ne peut prétendre à la perfection absolue, mais tout deux possédaient ce charisme et cette prestance qui est propre aux hommes de courage que la vertu n’a pas oublié et, au contraire, a comblé de ses présents. Bien plus grand que moi dont le corps frêle mais non point maigre possédait la souplesse que l’on a à cet âge là, ils avaient des gestes assurés et harmonieux, une voix douce et chantante, les mêmes cheveux d’ébène, des yeux pénétrants et une démarche fluide, rapide et silencieuse. Mais la nature n’avait point pour eux les mêmes destins et si, extérieurement, leur ressemblance était frappante, ils n’en demeuraient pas moins pour moi très différent. Inie, par exemple, possédait un visage semblable à ceux des barbares des hautes montagnes, au front large, l’œil broussailleux, les cheveux en bataille et la mâchoire large et puissante ; Quant à Ephyr, il n’y avait rien de plus beau, de plus ravissant, de plus merveilleux que son visage fin et bien dessiné semblable à ceux des anges qu’on aperçoit parfois sur la façade d’un bâtiment monumental. Sa longue chevelure noir recouvrait délicatement son front, et cachait à moitié ses yeux rieurs et étranges, semblant toujours narguer le monde comme s’il en connaissait tout les secrets. C’était un de ces regards profonds et sibyllins qui fascinent le commun des mortels tant les choses qui s’y mussent intriguent et forcent l’attention.

Souvent, le soir, après les travaux des champs, nous allions nous réfugier dans les bois sombres et propices à la rêverie et, comme je le faisais, d’abord seule, depuis de longues années, nous jouions en toute tranquillité, riant gaiement et simulant par de grands gestes une algarade victorieuse, un bataille ardue, un duel épique et héroïque ; tantôt cavalier, assassin, damoiseau ou gente dame, je les initiais à mes amusements qu’ils partagèrent bientôt chaque jour, en ma compagnie.
Ces jours furent peut-être les plus doux de mon existence, moi qui souffre à présent et qui souffrirai toute ma vie. Il est de ces blessures que rien ne peut guérir, ni baume, ni sortilège, ni pansements ; le sang coule, poisseux, de ces plaies béantes, inexorables et mortelles. Le destin n’épargne personne, pas même moi, et il m’a accablé d’une de ces détestables blessures. Mais qu’importe cela, la vie s’enfuit loin de moi dans les airs, et il me faut écrire encore et encore, selon les souhaits de mon cœur agonisant.
Durant quelques années, nous coulâmes de longs jours heureux et paisibles, loin de l’agitation incessante des villes et du fracas des armes des sanglants champs de bataille. Liés pas une amitié puissante et indéfectible, nous vécûmes maintes jours de joie, de victoires et de longues songeries. Et, en vérité, jamais je n’aurai cru que cette douceur puisse se briser un jour, terrassé par la fatalité et par ma propre main. Il y’avait dans ce manège enfantin tant de charmes et de joies, tant d’ingénuité et de bonheur qu’il eut du ne point cesser et durer une vie entière ; chacun en eut été avantagé et les larmes qui s’épanchent aujourd’hui de mes yeux, larmes de sang et de désespoir, n’eurent jamais vu le jour.
Quoiqu’il en soit, les jours passèrent, au rythme des clepsydres et, mû par les vicissitudes et les méandres du temps, mon cœur s’embrasa bientôt d’une passion secrète, d’un amour interdit qui jamais n’eut dû voir le jour ; ravagée d’une flamme destructrice je n’eus d’autre choix cependant que de me confesser à celui qui avait causé tant de troubles en moi. Je ne mangeais plus, dormais à peine et n’avais goût à rien tant son image m’obsédait. Mes soupirs lassés et mes larmes fréquentes qui rougissaient mes yeux avaient transformés mon apparence de si belle façon que nul ne pouvait m’apercevoir sans penser un seul instant que je n’étais point folle ou atteinte de quelques maladies étranges qui avaient des répercussions dramatiques sur le comportement du spécimen. Je tombais à peu dans le spleen et le désespoir d’avouer un jour une chose qui m’était si précieuse et que mon jeune âge et ma pudeur m’empêchait de proclamer, en dépit des sentiments puissants et dévorants que j’éprouvais. Je n’aspirais qu’à sa compagnie qui pourtant me causait sans cesse plus de mal, ne désirait que contempler un instant fugace les courbes de son visage, la grâce parfaite de son geste, son maintien fier quoiqu’un peu gauche, son être tout entier ; il me ravissait et je ne pouvais que rêver de lui tant sa présence m’était insupportable.
Cependant, le feu intérieur qui brûlait dans l’âtre de mon âme ne pouvait demeurer ainsi, aussi ardent que les brasiers qui brûlent la nuit du Walpurgis et incendient funestement bois et forêts, sources vive et cités glorieuses. Il me fallait m’épancher, laisser mon cœur épandre sur terre et sous les cieux mon amour et mon désespoir, sa haine de la vie et de la souffrance qui lentement rongeait mes maigres forces de jeune fille. Je devenais peu à peu irascible à la moindre contrainte, bougonne et versatile tandis que mon cœur tergiversait et ne savait que pleurer dans le silence des nuits. Telle une feuille morte balayée par un vent tourbillonnant, j’étais agitée en tout sens, tiraillée par deux aspirations qui ne me satisfaisaient nullement. Une peur hideuse, insidieuse et mortelle s’insinuait en moi, glaçait mes veines d’une langueur inexorable ; rien ne m’était plus pénible que la vie, plus douloureux que la mort, plus suave que l’oubli. Comme l’onde lente et calme des rivières de mon pays, je mourrais jour après jour, amoureuse et passionnée, emportée de ça de là, telle une brise inféconde…

Chevauchant le zéphyr de ses ailes d’argent,
Tel un frimas fugace, tel un voile d’albâtre,
La lune répandait à l’horizon blanchâtre,
Une pluie opaline, céleste épanchement ;

Sous les cieux embrasés d’une passion mystique,
Deux amants enlacés s’embrassent sous les cieux ;
Leurs lèvres ardentes s’unissent en un chant mirifique,
Et leur amour flamboie dans l’abîme de leurs yeux.

Sur un lit de verdure, bercé par le zéphyr,
Leurs chevelures mêlées, riant des grands empires,
La nuit même, jalouse, les regarde se chérir.

Ô bonheur éternel ! Ô divine volupté !
Unis en un seul corps, embrassés à jamais,
Les amoureux savourent toute l’éternité !

Et les jours passèrent, longs et silencieux, baignés de larmes et de souffrances. L’océan de l’incertitude me submergeait, la peur et la tentation elles aussi, je ne savais que faire et souffrais davantage à m’interroger. Cet état versatile et mélancolique, marqué par de longs soupirs et d’innombrables sanglots devaient toutefois prendre fin, de quelques façons que ce soit, et il en fut ainsi, un riant matin d’été, alors que le soleil, éclatant et superbe, commençait à peine sa carrière.
Non loin de mon humble demeure enfantine coulait une rivière à l’onde calme et paisible, si sereine que l’on pouvait s’y baigner sans crainte aucune, si ce n’est des freluquets aux ardeurs masculines insoupçonnés, qui se cachaient parfois derrière une touffe de jonc. J’aimais cet endroit silencieux où on n’entendait que le souffle du vent se perdant dans le lointain et le vague roucoulement des oiseaux du matin. Lorsqu’une occupation bienheureuse n’occupait point mon esprit maladif, mes pas me portaient souvent en cet endroit empli de pureté et d’un charme magique qui apaisait mon âme. Ce doux matin avait emporté, une fois encore, ma marche errante et solitaire sur les berges verdoyantes de cette calme rivière. Les rayons d’or de l’astre chatoyant s’accrochait, folâtre, aux douces vaguelettes venant lécher le rivage ; et le tapis d’herbe verte, les bosquets de buissons touffus couverts d’une brillante rosée, les parterres éparses de fleurs aux couleurs éclatantes, toute cette flore prolifère et vivante se mouvait lentement sur l’eau clair de la rivière, parfaite imitation éthérée d’une réalité sans intérêt. Il y’avait dans cette image aquatique une attirance inexorable qui provoqua en moi le plus grand émoi lorsque, baignant dans une rêverie mélancolique, j’y parvins enfin. Pourquoi ne partagerai-je pas le repos de ces visions mirifiques baignées d’eau et d’une brume folâtre s’étant égaré par là ? N’avais-je pas droit aux rêves sans fin de l’éternité ? Etais-je maudite ou marquée par un quelconque destin pour refuser un bonheur éternel ? Il était là ! Proche et cependant si loin, séparé de mon existence par quelques mètres à peine, et un miroir lisse et glacial d’eau et de bonheur.
Je n’avais qu’à me laisser glisser le long de la berge, pénétrer dans l’eau et couler au fond de la rivière et m’adonner à la mort et l’oubli que j’attendais depuis bien longtemps déjà. Il y’eut un instant de flottement, un abandon total, une voix jeune encore, fulgurante, et la vie vainquit la mort :

-Lylie !

Cette voix… Douce et chaude, chaleureuse, emplie d’une douceur témoignant d’une tranquille assurance se mêlant à un accent mélancolique qui la rendait plus belle encore ; il n’y avait qu’un seul être en ce monde pour posséder une telle merveille.

-Eryhs !

Brutalement interrompue dans mon élan de mort, j’avais reculé de quelques pas en criant ce nom adoré qui me causait tant de mal. La rivière se trouvait à présent loin de moi, si loin que je n’y pensais déjà plus. L’oubli s’était emparé de moi à mesure qu’un pas furtif et rapide s’approchait, qu’un souffle court se rapprochait, qu’un visage, qu’un sourire, qu’une existence chérie se faisait de plus en plus proche.

-Lylie ! Cria-t-il encore. Que fais-tu encore près de la rivière à rêvasser ? Je t’ai vue ce matin, sur le sentier, errant comme une âme en peine. Ton visage est toujours aussi pâle, et j’ai eu peur pour toi. Tu n’allais pas faire de bêtise, hein, dis-moi ?

-Non… non, bien sûr que non, bougonnai-je maladroitement en tentant en vain de ne pas croiser son regard, fiché dans le mien.

-Tu mens…

Sa voix exprimait un profond regret, un mélange complexe de peur et de colère, de haine et …D’amour. Je n’oublierai jamais cet accent inquiet et amoureux qui résonna alors à mes oreilles, telle une cymbale résonne au désert et ravive une source asséchée.

-Tu mens, reprit-il calmement. Je lis en toi comme dans un livre ouvert ; chaque page de ton existence m’est ouverte, je te connais mieux que quiconque tant je t’observe en secret, tant je contemple ton ombre s’effacer dans le lointain, chaque soir. Ne voulais-tu pas mourir, oublier, cesser de souffrir ? Ne voulais-tu pas rêver dans l’onde et n’en jamais sortir ? N’est-ce pas vrai, Illya ?

Je baissais la tête, accablée et meurtrie de tant de mots. Ses paroles avaient coulés, tranquilles, aussi inéluctables que s’avance la mort. La vérité me paraissait repoussante et pernicieuse ; un profond dégoût de moi-même s’emparait de même en même temps que l’amour et la haine submergeait une fois encore mon cœur meurtrie, telle la mer brise ses flots impétueux sur les rivages éternels et massifs. J’aurai dû m’excuser platement, promettre de n’en rien faire, me confondre, rougir, m’enfuir peut-être et cesser toute velléité de mort. Je ne pus que fondre en larme et m’effondrer à ses pieds, honteuse et désespérée.

-Si, criai-je pitoyablement, hoquetant à travers mes larmes. Si, j’ai voulu la mort, et je la désire encore, plus que tout au monde ! Je ne veux plus souffrir, Eryhs, je ne veux plus mourir en te regardant ! Tu m’entends ? Je ne veux plus ressentir cette vacuité enivrante et mortelle lorsque je ne fais que t’entrevoir ! Et t’en qu’à faire, meurs, toi aussi ! Que je ne te revois plus, toi et ton visage adoré… !

Son visage eut un tic nerveux, fit une grimace de douleur puis, reculant de quelques pas, blême et sublime sous le soleil de midi, il souffla :

-Pourquoi, Illya ? Pourquoi tant de haine et d’aversion ? Oh dis-mois donc… ! Qu’ai-je fait à ton cœur pour que tu me repousse ainsi ? T’ai-je porté préjudice ou fait quelques torts par une parole importune ? Oh, Lylie, je t’en prie, dis moi-donc, qu’ai-je fait qui vaille tant d’aversion ?

-A quoi bon, Erhys ? A quoi bon … Que vaux la brise des mois contre le poids du monde ?

-Que dis-tu ? Lylie, je tremble…tu me fais peur !

-A quoi bon, te-dis-je ! Tu peux avoir peur oui, tu peux trembler, tu peux t’enfuir lâchement ou faire preuve de vaillance, ça ne changera rien à la chose ; le monde est remplie non point de vacuité mais d’une inique fatalité. Je n’ai pas assez de force, cela est ainsi : il me faut souffrir…

Des larmes nacrés s’accrochaient le long de mes joues, hâves et fatiguées de vivre, décrivait une courbe inégale dans l’air et s’enfonçait dans l’onde limpide de la rivière sur laquelle je pleurais amèrement, les yeux rougis de douleur et de haine ; je l’aimais tout autant que je le détestais : il était mon ange, mon bourreau, mon idéal inatteignable et splénétique. Ma vue était brouillée par un nuage opalin et je ne parvenais qu’à sangloter dans le vague qui m’entourait.
Incapable de me relever, je m’étais traînée vers l’onde glacée où ma robe trempait, éclaboussant autour d’elle à chaque mouvement inopportun. Une langueur torride me fit frissonner, une brulante fièvre bouillonnait en moi et m’obligeait à rester courber sur l’onde aux doux reflets d’été.
Je ne pensais qu’à m’abandonner dans le flot lorsque, sans que je m’en aperçusse d’abord, deux bras chauds, chaleureux et amoureux se refermèrent sur moi tandis qu’une voix tendre murmurait en écho :

-Illya, calme-toi, je suis là… Mon ange, ma toute petite, la mort n’est pas pour toi.

-Si, si…balbutiai-je maladroitement.

Erhys me caressa doucement la joue, se pencha délicatement sur moi, effleura de ses lèvres mes yeux ternis qui cessèrent de s’épancher. Dans le silence de midi, il n’y eut d’autres mots de mes lèvres que ceux-ci :

-Ergys, Je t’aime … Je t’aime, je t’adule et te révère, fais de moi ce qu’il te plaît … Mais aime-moi, je t’en supplie !

Dans une étreinte lascive et pure, il vainquit toute peur, toute haine, et enfonça en mon cœur le poignard de l’amour passionné.



Tel Persée vainquit le gardien d’Andromède, Erhys vainquit les gardiens d’Illya et, comme dans un rêve éternel, loin des regards inopportuns des hommes sévères, il s’approcha doucement d’elle, posa ses mains sur ses hanches, et plantant son regard amoureux dans celle de son amante, l’embrassa langoureusement avec toute l’ardeur douce et passionnée de son amour flamboyant. Doucement, ses mains caressait sa chevelure ondoyante et lustrée, ses frêles épaules, son dos, ses hanches ; puis, avec délicatesse, le jeune amant se mit à délasser son corset de velours pourpre, lentement, langoureusement, avec une délicieuse sensation de bonheur qu’il voulait faire retarder le plus longtemps possible. La jeune fille répondait à la moindre de ses avances, ne cessant de l’embrassant avec plus de fougue chaque instant. Les lacets glissaient silencieusement du corset qui se faisait moins pressant et dévoilait au jeune homme les formes exquises de jeunesse de la suave Illya, remplie d’amour. L’étoffe glissait inexorablement sur ses épaules nues, puis, tomba tout à fait. Leurs étreintes lascives se firent plus pressantes, leur baiser plus intense, plus ardent ; les deux amants en osmoses ondoyaient au rythme de leur passion. Prenant plaisir à retarder l’assouvissement de leur amour au plus profond d’eux même, ils ne se touchaient plus que par le regard et leurs lèvres en feu. Puis, soudainement, d’un accord tacite, ils reprirent leurs étreintes amoureuses avec plus de force que jamais. Se penchant tendrement sur sa compagne, Erhys fit lentement descendre l’étoffe de soie qui couvrait encore son corps. Sans se presser, savourant chaque instant de cette volupté suprême, il enlevait peu à peu le vêtement, ne cessant d’embrasser son amour qui répondait d’une façon égale à la sienne en ôtant sa chemise…
L’étoffe glissait sur la peau tendre de la jeune amante, silencieusement, délicieusement, au rythme des petits cris de plaisir qui s’échappait tour à tour de leurs bouches embrassés. Peu à peu, les délices d’Illya se révélaient aux yeux de son amant qui, n’en terminait pas de lui apporté plaisir et jouissance. En quelques gestes rapides et gracieux, il coucha définitivement sa promise sur la couche nuptiale, et la robe moirée tomba soudain sur le sol, sans bruit. Caressant langoureusement le corps d’Illya, le jeune homme sentait ses épaules, son torse, son dos, se dénuder, s’exposer au feu du regard de son amante ; cessant de l’embrasser, il parcourut doucettement le corps lisse et parfait d’Illya qui, fermant les yeux, parcourrait celui de son amant avec une fougue passionnée, lente et profonde.
Lorsqu’il eut parcouru longuement sa partenaire, l’embrassant de toutes part, la couvrant d’étreinte, de baisers, de doux sourires auxquels elle répondait avec une ardeur vive et empressée que Erhys s’efforçait de prolonger, le jeune homme sans cesser de l’embrasser, la plaça délicatement sur le ventre et, ne cessant de la caresser lascivement, ramassa la ceinture de habit de pourpre. Délicatement, prenant garde à ne point effarouché son amante ni à lui faire le moindre mal, il croisa ses poignets dans le dos et les attacha lâchement avec la ceinture. Puis, rassurant amoureusement sa compagne de douces paroles et de suaves baisers, le jeune amant caressa sa chevelure d’ébène répandu tout autour de son beau visage ; de la même manière, ne cessant en rien ses avances, il mit à nouveau sa partenaire sur le dos et l’embrassa à nouveau, sur ses douces et chaudes lèvres, ses yeux, son visage, son cou, s’attarda sur sa poitrine, descendit vers son ventre… Leurs souffles courts se mêlaient, leurs corps ondulaient en cadence dans une même extase ; il n’était plus qu’une seule et même entité, emplie d’un désir irrépressible et sublime. Illya répondaient au moindre geste de son amour avec une grâce et une sensualité majestueuse et poussait par intermittence quelques gémissements de plaisirs intenses sous les caresses de Erhys. Le jeune homme ne cessait d’embrasser le corps magnifique de sa partenaire, de l’étreindre, de laisser sur sa peau douce et lisse une trace de feu et invisible, à mesure que sa bouche parcourrait ces terres de subliminité.
Illya ondulait silencieusement, son corps en parfaite osmose avec son partenaire ; un plaisir dévorant l’embrasait et le fait d’être attachée et de vouloir à tout prix se libérer par des gestes lent et saccadés décuplait son plaisir. A mesure que Erhys descendait vers le lieu le plus profond et intime de son corps, ses jambes s’entrouvraient, doucement, lentement, frémissante et empressée. Mais le jeune homme n’effleurait jamais que du bout des lèvres le ventre de sa promise, remontait doucement, pour descendre à nouveau, palpitant lui aussi d’un plaisir sublime et pur. Enfin, tout deux exalté, les liens qui retenaient les poignets de la jeune fille se délièrent, la boucle laissa passer les mains de celle-ci et leurs étreintes se firent plus amoureuses et passionnées que jamais. Baiser après baiser, les deux amants se découvraient tout entier, passionnément, avec une fougue et un désir ardent pur, chaste et transcendant. Enfin, lascivement, avec toute la douceur et l’amour qu’un homme peut contenir en lui, Erhys pénétra au plus profond d’Illya qui l’accueillit avec chaleur en son jardin le plus secret…

L’amour est de ces choses incompréhensibles qui atteignent la plénitude de la jouissance terrestre et apporte aux hommes de douces heures d’extases mirifique ; Ces vagues moments d’éternité où le monde n’est plus qu’une vaste terre offerte à nous, qu’un oasis de paix, de gloire et d’infinité, tout ces fugaces instants de félicité sont bien vite précipités dans l’amer abîme des souvenirs. Ainsi passa ma vie, ainsi se terminera-t-elle.
Pendant quelques longues années si chères à mon souvenir, Erhys et moi vécûmes heureux, ensemble et plus amoureux l’un de l’autre que ne le fut personne. Le temps qui passait, au lieu d’effriter nos liens, les renforçait, et notre amour embrasait les cieux chaque soir lorsqu’illuminant encore la terre, le soleil disparaissait au lointain. Nous ne vivions que l’un pour l’autre, que pour revoir encore son visage bien aimé, nous tenir ingénument par la main et nous promettre l’aube d’un jour meilleur encore. Il me disait souvent, lorsque nous étions seul et que nos regards se croisaient, qu’un jour nous partirions de ce pays calme et gaie, où les seules guerres qu’on mène sont les rares chasses à cours et les sempiternelles concours annuelles de pêches et où les seuls dangers se résument aux travaux champêtres et forestiers menaient avec expertise depuis des siècles ; il proclamait son amour pour moi, sa passion inextinguible et ses projets d’avenir, emplie de prouesses, de gloire et d’amour. Et le vent soufflait sur nous, emportant de ça de là ses douces paroles…
Ainsi passèrent mes jours le plus heureux, emplie de suavité, d’ardeur lascives, de pureté et rêveries éphémère qui semblaient pourtant si proches. Et plus les jours passaient, plus le vent soufflait.
Tantôt douce brise, tantôt tempête impétueuse, il sifflait à mon oreille, chantait délicieusement un appel de mort et d’aventures épiques, il insinuait en moi le trouble et le venin du doute, m’inspirait des paroles injustes et péremptoires, des jugements hâtifs, et une inexorable soif de liberté. Le zéphyr tourbillonnait continuellement en moi et, enfin, après des années de bonheur et de joie, je commençais à ressentir en moi le vide d’une vie calme et paisible, sans attrait, moi qui rêvais de combats et de débauche.
Erhys, quant à lui, ne cessait de se faire plus pressant et m’enfermait dans une cangue de niaiserie, de présents sans intérêt, de doux mots sans importance aucune et de tout un ramassis d’inutiles chimères qui me dégoûtaient peu à peu de lui. Je le haïssais et l’en aimait cependant d’autant plus, mon âme étant ainsi faite qu’elle ne savait que souffrir, haïr et aimer tout à la fois en provoquant une innommable tragédie.

Une de ces nuits sereines et calme où coule l’onde douce, où les vallons serpentant doucement dans la plaine sans âge confondent leur courbe avec celle de la nuit et où le temps même semble s’être arrêté, alors qu’un doux zéphyr m’apportait l’odeur de la liberté retrouvée, je décidais de briser la vie que je menais alors et de laisser courir mes pas sur l’herbe verte qui frémissait au vent, n’attendant que moi et mon souffle. Rapidement vêtue d’une longue robe en soie, souvenir précieux de Erhys dont la vie allait souffrir, elle aussi, tout autant que la mienne, de bottes en daim et paré d’un sabre dont je ne me suis jamais plus séparé, seul arme et unique compagnon que j’avais depuis quelques mois je m’enfuis de ces contrées charmantes et paisibles qui n’avait d’autres aspirations qu’à la paix et une prospérité sans cesse plus grande.
La nuit était silencieuse, berçait par le roulis des vaguelettes d’une rivière lente et monotone ; tout semblait figé en un instant éternel qui, pourtant, ne s’arrêtait point. J’humais l’air nocturne, frais et rédempteur, propice à une évasion, puis élançais ma course folle à travers champs et forêts, buissons touffus et limpides cours d’eau. Qu’il était doux d’être enfin libre ! Qu’il était doux d’oublier et de ne savourer que l’instant du présent, que le ciel étoilé, que la lune qui brillait ! Oh comme cet instant fut suave ! Jamais, je crois, je n’ai connu d’extase plus grande qu’en ce moment de plénitude absolue.
Cependant, mes pas ne m’éloignaient que peu des environ que je ne connaissais que trop bien et qui m’étaient à présent d’un dégoût répulsif sous le vespéral firmament, qui élevait sa haute voûte au dessus de ma tête, piquetée de vagues lueurs d’étoiles. Il y’avait toujours cette vision désastreuse de mon humble demeure, de celle de Erhys, et son visage, sa voix, son image dansaient devant moi et formait une prison onirique dont je ne parvenais à me défaire autrement qu’en courant plus vite encore, vainement. Les visions tourbillonnaient, le paysage devenait de plus en plus sombre, se teintait d’ombres étranges et burlesques, pantomimes de l’enfer et de ses partisans. Les arbres prenaient l’apparence de fantômes sépulcrales, les rivières semblaient luire d’une étrange nitescence, le monde était recouvert d’un voile d’incertitude qui me terrifiait et qui m’étouffait dans ma joie éphémère : la nuit allait son court, inexorable et terrible.

Je ne sais combien de temps j’errai de ça de là, je n’avais plus notion que de la peur qui me nouait le ventre, que des ombres noirâtres et pernicieuses qui m’assaillaient et du sentiment de liberté total qui m’enivrait cependant : je goûtais au calice des immortels, avec son ambroisie et son fiel.
Les ombres ne cessaient de s’allonger et d’obscurcir encore la noirceur de ma vue ; une concupiscence sans égale s’infiltrait en mes veines, le démon naissait en moi, la liberté éclosait en même temps que la malicité ; je ressentais une extase malsaine et sordide tandis que mon cœur mourrait au feu des ombres ; mon âme criait grâce, j’implorais la vertu, mais seul le silence et l’obscurité me répondait. Dans une transe fatale, je découvrais l’horreur de ma vérité natale et la perversité d’un monde inexorable. Les amers sanglots des roches des sources noirs, le flot immarcescible d’horreurs immaculées, et les chaudes volutes de sang des Vallées de Zanar. Hypnotisée par un flot d’images atroces et délectables, je me réjouissais peu à peu de l’abjection d’un monde sans intérêt et posait sur ma tête la couronne déchue. Le chaos, en mon âme, affrontait l’harmonie ; elle oscillait entre l’un et l’autre combattait l’une, succombait à l’autre. C’était l’hégémonie démoniaque du mal et de la destruction.
Au loin, cependant, mes perceptions altérées pressentaient un flot étrange de douceur, de suavité et de tendresse ; Le flot intarissable d’amour et de félicité, la coupe éclatante de la prospérité, du bonheur absolue ; l’hydromel éternel de l’harmonie. La marrée des ombres s’écarta peu à peu, et l’impossible devint réalité.
Essoufflé, le regard vie et ensommeillé, la mine patibulaire de ceux que le sommeil n’a pas encore quitté, Erhys dissipa en quelques fous instant de terreurs et de gémissements les démons qui m’entouraient. Son corps tremblait, ses lèvres frémissaient et une aura d’incompréhension flottaient autour de lui, lumineuse. Je ne sais trop pourquoi, mais une haine intense brûlait en moi, irrépressible. Tout dansait autour de moi, tourbillonnait, voltigeait tel un jour de Sabbat, la nuit du Walpurgis ; il y’avait dans ce bois immense où les arbres s’assemblaient en cathédrales noires le concours de quelques puissances occultes. Un long silence, torride, dévastateur et emplie de haine succéda à ma surprise ; ni lui, ni moi n’osions parler, de peur de briser ce silence qui, seul encore, nous séparait. Il y’eut un soupçon de vent, un souffle d’air incandescent, et quelques paroles fusèrent dans le calme nocturne, mortelles :

-Que veux-tu, Erhys ? N’as-tu pas encore compris ?

Le regard vitreux et hagard qu’il me jeta me convainquit de sa réponse avant même de l’ouïr :

-Qu’y-t-il à comprendre, Lylia ?

-Ne m’appelle pas comme ça ! Je dénie à quiconque le droit de me nommer ; je ne veux plus de vos noms affreux, et encore moins des tiens !

Son fin visage esquissa une grimace horrible, et rejetant sa tête en arrière, il dit amèrement :

-Et que fais-tu ici, au milieu d’une nuit calme et tranquille, toi qui n’a plus de nom ? Contemplais-tu les étoiles du firmament, ou Séléné à travers les branchages obscurs ? Mais et ces bottes de voyage, et ce sabre fatal, que font-ils là ? Que fais-tu là ? Ne sais-tu pas que je t’aime ?

Il y’eut un instant de silence profond qui me parut une éternité :

-Je pars, Erhys, je pars et ne reviendrai pas ; ce pays me lasse et m’oppresse, jour après jour, j’agonise. Je ne veux pas de cette vie lente et monotone.

Son regard se troubla, emplie d’amertune et de tristesse ; de fines volutes, sombres et mystérieuses allaient de par ses yeux, y voltigeait avec une violence sans pareille et mourraient enfin.

-Pourquoi, Lylia ? Dit-il enfin. Pourquoi briser en vain ce qui est si beau et si puissant ; pourquoi ne pas vouloir ce dont on a tant rêvé, nuit et jour et qui enfin est à notre portée. J’ai tant songé à notre amour, que fais-tu de mes rêves ?

-Et que fais-tu des miens ? Embourbée dans un carcan étroit et fangeux d’ignorance, je veux découvrir le monde, le parcourir de bout en bout, d’un continent à l’autre ; je veux en percer les secrets obscurs, les écritures anciennes et toutes les choses sibyllines qui attendent dans l’ombre, Me comprends-tu ? Je désire vivre libre et errante, sans autre lendemain que l’infini de l’horizon, que le doux réveil d’une nuit agitée, que le suave repos près d’une onde où se diapre le soleil vespéral fraîchement massacré dans un fleuve de sang. Je veux sentir aussi l’exaltation des combats, la froide angoisse de la mort, la vision morbide du sang rouge et poisseux ; Libre et heureuse, entre les méandres du temps et de la vie, c’est ainsi que je veux vivre. Crois-tu pouvoir vivre ainsi, Erhys ? Je t’ai aimé, mais nos chemins divergent.

Un sourire amer fendit son visage angélique torturé par la douleur. Je lisais dans ses yeux la tristesse de me perdre, la rage et l’amertune, je lisais aussi l’amour et une tendresse profonde envers moi ; jamais je n’avais put résister à ses regards.

-Ne peux-tu être libre ici, avec moi ? Vois ! Tout autour de toi s’étend la campagne, douce et fragile, délicate, ne l’aimes-tu point ? Et Les vastes coteaux, et les ondes tranquilles, les oublies-tu ? Et Moi, que suis-je devenu ? Un simple renégat dans ton esprit adoré, un vulgaire drôle que tu oublieras demain, dés l’aube ? Mais moi, Illya, je ne t’oublierai que dans la mort, le sais-tu ? Je t’aime, mon cœur brûle pour toi, je ne puis vivre sans ta compagnie, douce et chaude, tendre.

Il fit un pas emplie d’espoir, sourit, me regarda tendrement et laissa couler une larme sur ses joues fatiguées et tremblantes. Un autre pas suivit le premier, plus impétueux.

-Viens, Lylia, murmura-t-il doucement, comme si, tel un chasseur ; il ne voulait pas effaroucher sa proie. Viens, tu m’aimes encore, je le sais, je le sens ; ton cœur bat au rythme du mien, ne pars pas, reste auprès de moi…Lylia …

-Cesse, Erhys, répondis-je faiblement. Cesse, je te hais …

Insensiblement portée par un flot de passions et de fatalité inéluctable, j’avançais lentement vers lui, vaincue par son regard et son amour ; je tremblais à la fois de soumission et de tristesse.

-Sois-heureuse, reprit-il doucement avec l’accent de ceux qui connaissent la vérité. Laisse toutes ces futilités, toutes ces chimères de l’esprit, abandonne ces rêves fous, abandonne ces fadaises, suis-moi, Illya !

Pas après pas, larme après larme, je franchissais l’espace qui nous séparait, tel un vulgaire animal domestiqué par la main de son maître ; sa vision me confondait, me troublait, m’anéantissait de joie et de peur, d’amour et de haine. Je ne pouvais m’empêcher de m’avancer vers cet être aimé qui faisait mon malheur et ruinait mon cœur ; c’était la fascination terrible et pernicieuse du malin qui corrompait et mon âme et ma vertu de ses paroles insidieuses.
Lorsque mes mains se refermèrent autour de son cou et que mes lèvres effleurèrent les siennes, il eut un rictus qui me parut démoniaque, et avec une fougue monstrueuse que je ne lui connaissais point encore, il m’accueillit en lui, profondément, sans passion, avec une brutalité bestiale et primaire qui me remplit de dégoût.

-Ne vois-tu pas comme je t’aime, Illya ? Dit-il enfin, lorsqu’il eut assouvit ses pulsions avec mon corps. Je pensais à toi, cette nuit, tu manquais à mon cœur, et je t’ai vu t’enfuir, petite ingrate. Alors j’ai parcouru ciel et terre pour te rattraper et te montrer mon amour, à toi qui fuyait celui qui n’a de cesse que de te voir et d’assouvir en toi le fruit de sa semence.

Un souffle de vent parcourut ma peau baignée de larmes, nue et palpitante de honte et de pudeur. Ses mains parcourraient mon corps sans aucun gène, et il se repaissait de ma soumission. Je sanglotais parfois, lorsque le dégoût me submergeait et que le souvenir douloureux de mon esclavage revenait à ma mémoire.

-Tu es à moi, répétait-il, tu es mienne à jamais, jusque dans l’éternité, tu me l’as promis, Illya ; je ne saurai vivre sans toi et toi de même. Je le sais, je lis dans ton regard, et tu le désires, n’est-ce pas ? Tu es mienne, Illya, à jamais ….

Ses paroles résonnaient grossièrement dans mon oreille abasourdie ; je ne savais que consentir à chacun de ses mots envouteurs et pernicieux s’insinuant lentement en moi et vainquant l’unes après l’autres les faibles défenses qui étaient miennes. Et le vent soufflait, encore et encore, inexorable. Il flottait dans l’air une odeur surréaliste de cauchemars innommables dont on ne revient jamais. C’était l’hégémonie du doute et du dégoût ; c’était l’effrayant empire de l’insidieux et du malheur tout autant que de la haine et de la passion destructrice des amants enflammés que guide la fatalité. Je ne savais plus qu’obéir, perdue dans l’océan du doute qui tempêtait autour de moi ; seule sa voie me guidait, seul son cœur me rassurait. Je m’accrochais à cet ultime refuge, à cet endroit aimant et pervers, passionné par moi et corrompu par mon charme.

Les instants passèrent, passionnés et terribles ; ses mots tourbillonnaient en mon esprit et affrontaient le vent voltigeant sur nous, prisonnier des arbres et de notre sort fatal. Peu à peu, ses avances se faisaient plus pressantes, plus puissantes et insidieuses ; son chant, son cri, son appel, refoulait en moi l’amour et embrasait la haine, tel le vent souffle sur un brasier éteint. Il amenait à mon esprit de douces visions sauvages de liberté folâtre et d’idéal ; il dressait devant moi les songes les plus beaux, les plus suaves, les plus merveilleux qui soient et qu’il m’a été donné de contempler. Son emprise sur mon cœur se renforçait d’instant en instant ; une sourde rage s’infiltrait en mes veines et Erhys devenait l’objet d’une haine sans fond.
Tout était pour moi dégoût et répugnance, ses douces lèvres, ses yeux intenses, sa chevelure sombre se fondant dans la nuit, et même son corps fin qui me donnait tant de plaisir.
Le vent se fit plus fort que jamais, tempêtant dans les rameaux d’ombre se dressant au dessus de nos tête ; son cri retentit encore, tourbillonné, vagit, et la voie fut libre.
En un éclair foudroyant, une seconde fugace, en une ultime vague d’éternité, la lame jaillit de son fourreau fatiguée, chanta sous le soleil levant son requiem de mort, et dans une courbe étincelante de pureté, s’enfonça inéluctablement dans la poitrine nue de l’amant qui tant de fois m’avait comblé. Le sang jaillit, Erys hoqueta plusieurs fois, ne comprenant pas cette douleur lancinante, et ce froid intense qui le brûlait ; ses paupières se fermaient puis se rouvraient alternativement ; ses bras ballotaient au vent, et son visage grimaçant n’exprimait que souffrance et amour. L'arme gémit en s'extirpant lentement de la profonde blessure et le tintement cristallin qu'elle chanta lorsque la terre l'accueillit en son sein m’horrifia ; Il m’aimait, plus que tout, et je l’avais tué. Dans un élan de tendresse, je l’enlaçais doucement et déposait sur ses lèvres déjà froide l’empreinte de l’amour mêlé à la mort.

Combien de temps restai-je à cet endroit maudit, hébétée de tant de haine, d’horreur et d’amour ? Je ne saurai le dire, je n’ai plus la force de résister aux pleurs qui m’étouffent à ces pensées ; Je me souviens que ma vie en même temps que la sienne gisait à terre, confondue avec la poussière aride du sol. Le temps n’était plus qu’un vague frôlement qui parfois me touchait avec la lumière éclatante d’un soleil naissant. Mais il s’en allait bien vite, conscient de sa propre inutilité, de sa vanité la plus parfaite dans cet instant immense ou la gloire d’un prodige affreux s’amassait au dessus de ma tête impure, et je reprenais la longue rêverie dans laquelle le sort m’avait plongé. Mon existence n’était plus qu’une longue chimère qui s’effaçait avec un souffle de vent. Couchée sur le sol, ma longue chevelure emmêlée autour de mes frêles membres, j’embrassais la terre inféconde de ce lieu. Mon sein se flétrissait, mon âme s’étiolait, je n’étais plus qu’une ombre que le temps emporte.

Et enfin, en un brusque coup de cœur, en une avalanche formidable de sentiments tourbillonnants, en une tempête hurlante, le voile se déchira et les ombres rattrapèrent la lumière ; happée par une flamme de souvenirs atroces, d’émotions sanglantes, et haines, de déchirement et de passions encore, je succombais à l’inéluctable. Ramassée sur moi-même, les genoux contre ma poitrine, pitoyable pantomime de vivant tentant de se protéger de sa conscience, je laissais se déchaîner sur moi la fureur de la mémoire et sombrait dans les larmes.

Je ne saurai conter les instants qui suivirent, je n’en ai qu’un vague souvenir confus et peut-être cela vaut-il mieux. Toutefois, il m’en souvient bien qu’après bien des heures de plaintes, de gémissements, de refus, de combats avec moi-même, je relevai la tête, blafarde, les yeux fous, le corps agité de soubresauts incontrôlés, la chevelure raide et en désordre. Je scrutai froidement les alentours, un triste sourire d’oubli sur les lèvres. Puis, malgré l’ampleur de la tragédie, malgré la tristesse colossal qui oppressait ma poitrine, malgré toutes les hurlantes complaintes que mon cœur lançaient aux cieux, nulle larme ne s’épancha de mon œil démoniaque ; je ne sus qu’éclater froidement de rire, d’un rire glacial, tranchant et sans humanité ; d’un rire démentiel et morbide.

29 janvier 2009

Peur

Que l'on me pardonne.


D’où me vient donc cette peur qui étreint mon cœur, qui meurtrit mon corps en ce soir d’hiver glacial et brumeux ?

Est-ce la tristesse de devoir laisser s’envoler au loin la voix d’un être cher ?

Ne serait-ce pas plutôt une peur outrageante, qui devrait d’ailleurs ne plus être ?

Mais comment me suis-je retrouver à penser à cela, aujourd’hui ? Quelques souvenirs enfouis et voilà. Une brusque vague de souvenirs, qui remontent une fois encore, rien que de penser au simple fait de leur existence, et je coule dans la peur, comme un navire ébréché par un iceberg pourtant si loin déjà…

Souvenirs aussi douloureux qu’attristants, aussi apeurants que j’en suis pétrifiée…

Pourquoi encore penser que cela pourrait, malgré tout, recommencer ; malgré lui, malgré moi, malgré… nous ?

Pourquoi encore revoir ces images si lassantes, si effrayantes dans mon pauvre esprit de jeune fille pas encore tout à fait grande ?

J’ignore ce qui fit qu’aujourd’hui tout est plus fort aujourd’hui qu’hier, pourquoi j’ai sans cesse plus peur d’un futur proche que d’un passé lointain… Et pourtant j’ai confiance, on ne peut plus confiance en lui… Mais j’ai peur, oh, Seigneur, j’ai si peur de devoir retomber dans cette spirale… Que vous ai-je donc fait qui soit si odieux pour mériter un châtiment aussi cruel de votre part ?

Est-ce ma faute, à moi ? Je n’ai jamais été comme il l’aurait fallu, n’est-ce pas ? Vous aimez le dire et le reprocher, je ne suis pas celle que vous auriez aimé, non, une autre convient beaucoup mieux, mais ; pourquoi faire ainsi de moi le pantin, la putain d’un homme que je crains désormais par-dessus toutes les peurs enfouies en moi ?

Pourquoi la peur d’être encore une fois, contrainte, soumise et forcée me noue-t-elle le ventre en ce soir pourtant si paisible ? Me le direz-vous un jour, vous qui savez ? Pourquoi avoir si peur de l’union de deux amants épris ? Pourquoi le désirer, en même temps que la peur ? Etre si versatile en vérité, je n’ai que la peur comme compagne ce soir… Je n’ai que l’idée que même un Ange pourrait me blesser, s’il voulait me punir de je ne sais quelle faute, suis-je si fautive d’être née ?

Oh, Matthieu, pardonne-moi tous ces mots, tu ne les mérites pas, ils sont trop laids… Tu es bien trop beau pour oser, je n’ai pas à avoir ce genre de pensées. Je m’efforce, crois-moi, de tout chasser de mon esprit, sans cesse. Je n’ai jamais réellement de repos tant j’ai peur mais je n’en ai pas le droit ! Ma prétention m’amène à croire que tout être est vil et peut me posséder, sans pour autant en avoir le droit. En vérité, tout être n’est pas vil, mais peut me posséder, je ne dois pas être bien pure. Quelle faute ai-je commis, je l’ignore, j’ignore tout, cependant… Cependant, pourquoi ?

Permettez-moi au moins d’oublier, d’effacer les suppositions, les inepties présentes dans ma mémoire, si je dois me faire avoir, si je dois encore être la putain d’un homme, alors que ce soit par aveuglement, que ce soit parce que je l’aime, et contraignez-moi à ce cycle infernal jusqu’à la fin de mes jours si cela peut soulager une faute…

Non, pitié ! Laissez-moi disparaître, j’ai si peur de le décevoir, j’ai si peur de le dégoûter de moi par ce passé infâme qui me rend infirme, peut être à jamais ! J’aime à croire que ce n’est pas ma faute, mais…

Qu’importe, laissez-moi m’enfermer, être flagellé de tant de douleurs ! La douleur même devient douloureuse, devient bourreau ami de famine du cœur !

Je veux vivre, mais… mais lui, que pensera-t-il ? J’ai si peur de moi que j’en suffoque. J’ai honte, malgré moi, malgré lui, malgré nous. J’ai honte d’être si…

Vivante.

18 janvier 2009

Les hommes sont des hommes

Maroufles ou coquins, Argousins, libertins,

Détestables gorgones, Sirènes aux doux baumes,

Dévots et pédagogues, du seigneur les saints,

Haïs ou adorés, les hommes sont des hommes.

La nuit les surprends tous, leur carrière achever,

Leurs termes accomplis les voit tous s'en aller ;

Les âmes de chacun par un miracle béni,

Vont rejoindre tour à tour enfer et paradis ;

Ils sont le fruit maudit d'un âge décadent,

L'oracle corrompu d'une ère sans précédent ;

Peut-on les accuser d'être des innocents ?

Mais qu'importe leur vie, la noirceur de leur âme,

La froideur de leur cœur, la chaleur de leurs flammes !

N'ont-ils jamais au fond épancher une larme ?

9 janvier 2009

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5 janvier 2009

Rêves de l'Utopie.

Ceci, chers amis, est le résultat de ma pensée du jour, et dont je doute qu'elle vous plaise. Quoi que, si cela devait être, je m'en réjouirais. Suis-je donc la seule à vouloir de ce monde nouveau que l'on n'obtiendra pas en faisant brûler les voitures dans les banlieues de la capitale ? Si jamais je devais réécrire de tels textes, je créerai la catégorie appropriée. Bonne lecture de mes pensées apocalyptiques.

Rêves de l’Utopie.

Quel serait le monde parfait ? Mon monde parfait. Il serait sans contraintes, sans choses inutiles que l’on vous contraint à faire parce que cela doit « vous éduquer ». Si l’éducation se fait par l’apprentissage de vecteurs ou de figures de styles, alors dites-moi laquelle me servira pour réaliser mon rêve. Quel vecteur de force emprunterai-je pour trouver un travail convenable qui me permettrait de trouver un appartement convenable ? Au nom de quel théorème, je vous prie, énoncerai-je ma théorie de paix ? Quelle métonymie, quel oxymore utiliserai-je pour qu’il soit construit d’une telle façon à en faire un apologue convaincant, comme l’aurait fait Rousseau ?

Pourquoi me forcerai-je à savoir les méthodes employées par Hitler pour anéantir les Juifs, si cela ne m’intéresse pas ? Pourquoi me donnerai-je un temps d’apprentissage ? En vertu de quelle loi ? Parce que vous, adultes, croyez bon de devoir enseigner ce que l’on vous demande d’enseigner, au sein de ce gouvernement qui veut tous nous formater. Vous l’êtes, déjà, vous, quoi que vous en disiez. Vous êtes ces êtres vils qui ne pensez qu’à votre profit et oh ! ces jeunes, il faut qu’ils soient comme nous, nous vivions mal, ils ne doivent pas vivre mieux, ils doivent penser comme nous, ce sont des automates !

Et bien, non ! Révolution au sein de notre belle jeunesse, qu’elle comprenne que ce n’est pas avec des formules complexes et un compas que l’on vit ! Qu’elle comprenne que les pensées de Victor Hugo étaient siennes, qu’elles ont été déformées par ceux qui veulent à tout prix e faire une étude détaillée, comme si les écrivains n’étaient pas capables d’écrire pour leur simple plaisir ! Pourquoi faut-il toujours que tel mot soit placé à tel endroit pour créer tel effet ! Et que si nous, pauvres idiots, ne le savons pas, nous sommes abrutis au possible, incapables de fonder un raisonnement concret, ce qui, au final, causera notre perte certaine dans cette société où chacun vit pour soi et non pour aider son prochain. Et cette société se prétend chrétienne ! Ces gens, qui « ont la foi », disent vouloir aider mais ne sont capables que d’égoïsme, quand ils nous rendent coupables d’innocence ! Ces gens, qui, égoïstes, veulent nous inculquer leur savoir et leurs valeurs, qu’ils trouvent si belles !

Trouvez-vous beau et respectueux le fait de laissez l’homme qui a faim mourir sur le sol quand vous vous permettez « une folie, allons donc au restaurant ! » Vous entendez-vous parler ? Et vous prêchez la morale aux enfants ? Mais qui êtes-vous donc, pour croire que votre pensée seule est universelle ? Qui êtes-vous donc pour nous conformez à vos idées si dégoûtantes ? Que croyez-vous être ? Des Dieux, peut-être ?

Je n’ai pas les talents d’une oratrice formée par les plus grands, mais qu’importe, seule ma rage envers vous compte aujourd’hui ! Vous êtes bien moindres que ce que vous croyez, vous êtes minuscules, vous prétendez avoir la connaissance, et les préceptes universels ! Mais quel est l’idiot qui, un jour, pour vouloir réduire la pollution, décida de créer des arbres de métal ? Les véritables arbres ne sont-ils pas plus esthétiques, et plus à même de remplir cette fonction ? Vous, votre science par laquelle vous voulez tout contrôler quand on sait que la nature vit par elle-même depuis des millénaires et qu’elle n’a pas besoin qu’on s’occupe d’elle ! Mais, ignorants, vous voulez tout contrôler sans jamais réfléchir un tant soit peu à l’utilité de vos actes, voire leurs conséquences désastreuses !

Et lorsqu’on voit qu’en France même, ce pays que l’on dit développé et qui se veut protecteur des plus démunis à travers le monde, porte en son sein des hommes, des femmes et des enfants qui vivent dehors, si l’on peut encore appeler cela vivre, et qui ne peuvent obtenir de travail s’ils n’ont pas de logement, mais n’ont pas de logement sans travail, comment voulez-vous que le monde un jour se porte bien ? D’où vous viennent vos morales, que vous ne savez qu’emprunter à des temps anciens, tant vous êtes incapables de voir et de concevoir par vous-mêmes ! L’avenir, ah oui, il est beau, construit par des hommes politiques qui endettent leur pays et sa population sans aucun scrupule, tandis qu’ils augmentent leur salaire, bien trop maigre pour le travail effectué ! Oh, oui, les déplacements aux frais de la population, ils sont beaux, les monuments construits à la gloire de tel illustre écrivain, ou scientifique qui a inventé la bombe atomique, celle qui détruisit des milliers de vies au noms de la survie d’un peuple décadent ! Tous, vous êtes décadents, et vous débattez pour je ne sais quelle idéologie, vous complaisant dans notre asservissement, car c’est bien de l’asservissement que de vouloir nous conformer à vos idées, nous noter et nous juger parce que nous ne sommes pas comme vous le voudriez ! Mais laissez-nous penser, rêver, aimer, jouer, rire ! Nous sommes des enfants, mais ce n’est ni une raison pour nous formater comme des machines électroniques, ni pour nous laisser dans l’ignorance ou nous imposer un trop lourd fardeau !

Jeunesse, relève-toi, enfin, vis, comme tu le souhaites, et ne laisse pas ces adultes, vieux comme le monde, incapables, subjectifs, te manger ta Liberté ! Ne te laisse pas avoir à son jeu et vis, bats-toi, mais halte violence, si elle existe, elle doit n’être que dans la force des mots !

Relevons-nous, battons-nous pour vivre, enfin !

Cruelle société, cruel monde, régit par des avares toujours plus orgueilleux, laisse enfin la jeunesse des âges prendre le dessus sur toi, et deviens Utopie, celle dont chacun rêve, différente toujours, et condamne enfin ces injustices que tu portes ! Ferme-toi à toutes ces douleurs que tu prodigues pourtant joyeusement, avec le sourire, parce qu’on te l’impose et parce que le monde est vil et corrompu ! Arrêtons enfin le massacre des populations parce qu’elles sont différentes ! N’avez-vous pas un frère ou une sœur différent de vous, votre exacte opposé ? Qu’un seul me dise que ceci est une raison pour tirer à vue sur une population complète, qu’il vienne, et qu’il voie enfin le bonheur ! Nous sommes tous frères, que nous soyons originaires d’orient, d’occident, d’Afrique ou d’Antarctique, mais réagissez, ne vous enfermez pas dans ces considérations qui vous rendent la vie plus douce ! Dégoûtez-vous de vous-mêmes, regardez-vous ? Tous, à votre manière, moi de même, nous sommes couverts du sang de nos frères. Et pourquoi ? Parce que nous n’avons pas su lever la main ! Ayez-en honte comme j’en ai honte, mais la rage qui m’anime en ce jour doit nous conduire à la révolution sans violence de ce monde aigri et fade !

Levez-vous, enfin, et faites entendre votre voix, si comme moi vous détestez le monde dans lequel vous vivez, ou si vous avez un tant soi peu de cœur !

3 janvier 2009

Parti

Parti. Encore une fois. J’erre seule dans les méandres de mon esprit, ils rejoignent mon cœur, mon cœur qui saigne, qui a mal sans toi, il ne sait où aller. Mes yeux se posent au hasard dans la pièce, ne savent plus ce qui est beau, ce qui est vivant, où est la vie si tu n’es pas là ? Où est donc l’avenir, et où suis-je, moi, si tu n’es pas là ?

Oh, reviens, vite ! Non, ne pars jamais, reste, je t’en prie, reste… Ne pars jamais, reste toujours près de moi, ne me laisse pas, j’ai tant besoin de toi, mon Etoile. Je t’aime, en me laisse pas là, dans cet enfer si froid, glacial, il détruit mon cœur, s’enfonce en lui comme une flèche de glace… reviens…

Le sommeil est bien là, il serait si doux de m’enfuir dans les bras de Morphée, mais je ne désire que les tiens ! Le sommeil frappe à ma porte, aussi fort qu’il le peut, mais je me refuse à l’écouter, je ne veux que toi, et tu me manques tant qu’il me faut le crier, le pleurer, le chanter, et enfin m’écrouler à genoux sur le sol…

Je sais que tu reviendras, je ne le sais que trop bien… Mais est-ce un crime que de vouloir chaque instant pouvoir poser mon regard sur toi, ton visage, tes yeux, tes lèvres, ton corps, toi tout entier ? Dois-je payer pour oser aimer ? Pour ressentir le manque de ta personne si douce à mon cœur ? La patience n’a jamais été maîtresse de mon esprit, mon âme est née impatiente, et elle se languit de toi, de tes mots si doux… Toi tout entier me donne l’envie de t’appartenir, prends ce que tu veux de moi, je te l’offre, non, je te le donne simplement, moi n’est pas un présent, ce n’est qu’une petite fille qui ne sait où regarder quand l’Ange somptueux s’enfuit, est rappelé auprès du Soleil, ou de la Lune ma maîtresse. Moi n’est qu’une enfant, qui est bien plus jeune que toi en vérité, qui a beau avoir les seize ans qu’on lui veut donner, ne sait où aller, ne sait pourquoi, ne veut rien si ce n’est toi. Ne désire qu’être tienne, en entier, sans aucune contrainte, se savoir enchaînée à toi, et rien qu’à toi, simplement parce que mon amour se veut esclave de Toi, Toi personne si belle, personne que j’admire, que j’aime, que j’écoute, en qui j’ai confiance, et que je veux combler.

La jeune enfant que je suis souffre tellement qu’elle ne trouve sa lumière qu’en toi, reviens, aie pitié reviens, ne me quitte pas ! Je sais, tu es là sans être là, toujours je sais que tu m’accompagnes, mais l’enfant a peur, seule dans le noir, quand tu n’es pas là pour la rassurer comme elle en a besoin chaque jour, comme elle te le demande ardemment sans jamais le formuler, parce qu’elle sait que tu l’aimes, et qu’en fermant les yeux elle te voit. Pourquoi alors s’inflige-t-elle la punition de l’éveil ? Pourquoi ne pas dormir, comme toute enfant sage et amoureuse, pourquoi ? Pourquoi résister jusqu’à s’écrouler si elle se lève ? Pour s’écrouler, justement. Être sûre de s’écrouler, mais de se relever parce que des rêves l’attendent, et ces rêves sont tous emplis de ta personne.

Les cauchemars sont loin, seulement lorsque tu n’es pas là. Alors là elle rêve éveillée, cauchemarde parfois, s’écroule et dort. Parce qu’elle ne peut vivre autrement qu’en attendant ton retour.

Simplement, mon Cœur, je t’aime.

29 décembre 2008

Si ce piano jouait, pour une voix ?

Avant de finir la publication de l'apologie, depuis longtemps fini, je voudrais placer ici un court texte, que l'on ne peut pas classer dans un genre particulier, ni même un registre, et qu'importe, c'est un flot de pensées inachevées que je vous laisse le loisir de découvrir ici.

Si ce piano jouait, pour une voix ?

Ça ne sera jamais, jamais comme il faut… Jamais comme cela devrait être. Et ces efforts sont vains, tous plus les uns que les autres… ça ne sera jamais mon monde, jamais celui dont je rêve, celui dont j’ai tant besoin. Je n’ai pas besoin de vaines gesticulations quand je sais que je meurs, enfermée, inquiète, enchaînée. Je n’ai pas besoin de me mouvoir pour savoir ce qu’il se passe, au dehors. Au dehors, tout semble toujours plus beau, c’est toujours mieux là où l’on n’est pas. Et dehors, c’est plus beau que l’enfer, mon enfer auquel je me vois contrainte tous les jours blâmée et mourant d’inquiétude pour tous. Dedans, dans ma prison, celle dont je ne peux m’échapper, je sais que je ne serai jamais chez moi. Chez moi, c’est où ? Pas ici, là où l’on ne sait pas me rassurer, là où l’on ne sait pas voir les larmes qui coulent de mes joues chaque jour, là où le ne voit pas ma douleur, cette peine lancinante que l’on ne veut pas accepter ; parce qu’elle est jeune et qu’elle ne comprend pas, cette douleur toujours plus présente, cette douleur là, que je ne supporte plus. Je ne suis pas chez moi, je le sais, depuis longtemps déjà. Me suis-je sentie chez moi ici ? Oui, dans le bonheur et l’innocence de l’enfance, lorsque je ne savais pas qui ils étaient, qui j’étais, et ce qu’il y avait dehors. Et dedans, c’est toujours l’enfer, même les rares instants où l’on peut me voir sourire, rire, ne sont qu’éphémères. Factices, non, éphémères, oui. Et il me faut toujours retomber, ne jamais pouvoir assez déployer mes ailes, toujours retomber, dans cet endroit que je ne peux fuir, même avec toute la volonté du monde, je suis retenue par l’amour. Je ne peux abandonner un être aussi cher, aussi souffrant, aussi désespéré, je ne veux pas le briser plus qu’il n’est déjà. Il a tant besoin de soutien, plus que moi, je me dois d’être le pilier qui ne le pousse pas à la mort, puisque le deuxième pilier lui aussi et faible, et que le dernier a cédé. Je me dois de rester à ses côtés, ne jamais m’envoler, même avec lui, je préfère m’enfermer pour le maintenir en vie, puisqu’il ne sait pas le faire tout seul. Et si sa vie doit me coûter la mienne, alors soit, je ne peux l’abandonner ainsi, il est mon père, je n’ai pas le droit de le laisser. Je dois accomplir mon devoir, il est mon père, je ne peux le laisser ainsi gâcher ce qu’il a construit de ses mains, je n’en ai pas le droit. Je suis enchaînée, n’ai qu’un désir, m’envoler, mais j’ai trop peur de le voir tomber à son tour. Je voudrais tant m’enfuir, sur les notes mélodieuses d’un piano bien accordé qui chanterait nos vies joyeuses au monde entier, notes d’espoir et d’éternité, mais je suis enchaînée. Et si ce piano jouait, pour une voix ? S’il sortait de sa torpeur, là ù nous l’avons placé, pour jouer, seul, puisque aucune main n’est là pour caresser ses touches. S’il m’aidait, ainsi, à chanté Liberté, celle que je dois posséder au plus profond de moi, celle qui attend patiemment que je m’envole. Liberté attend au creux de moi, attend que le piano veuille jouer, accorder ses notes au son de ma voix, Liberté à besoin de s’enfuir, j’ai besoin de la suivre. Je ne saurai vivre enfermée toute une vie, je ne pourrai non plus prendre mon envol. Où va ainsi ma vie, si ce n’est pas moi qui la mène ? Qui vit ainsi par procuration ? Qui en est capable au point de se laisser mourir pour son père, celui qui a toujours, sans jamais le dire, veillé sur moi ? Qui peut s’oublier pour un père ? J n’en serai pas capable moi-même, ma volonté est ailleurs, ma volonté veut rejoindre les oiseaux, beaux oiseaux, libres mais jamais toujours. Mais c’est au moins cela, ils volent, ils traverseraient le monde entier s’ils le désiraient, je le veux, laisser moi parcourir les vertueux chemins du monde, ceux que tout le monde chérit, mais craint par peur de l’inconnu. Je préfère vivre cet inconnu, plutôt que de vivre enchaînée à ses pieds, parce qu’il ne peut se relever, parce qu’un pilier s’est brisé, pour se reformer ailleurs, parce qu’elle aussi cherchait sa liberté. Deux êtres sont encore près de lui, mais pour combien de temps encore ? Le premier avait décidé de fuir, il est revenu bien malgré lui. Le second attend que la mélodie résonne. Rien de tout cela n’aurait dû arriver, si seulement je n’étais pas née, personne ne souffrirait ? Si seulement j’étais bercée dans les méandres du temps, perdue entre une étoile et l’autre, dormant paisiblement, attendant la naissance, ou pas, préférant rester léthargique, enfermée dans un coquillage vaporeux, enfermée à jamais, une larme au coin de l’œil. Il n’y a nul besoin de l’appeler pour qu’elle fasse surface, déjà elle est là, attend que la second arrive, pour la pousser sur ma peau, et tomber, être libre à son tour. Un flot interminable commencerait alors, toutes ces perles seraient ravies de s’enfuir, par delà les étoiles, rencontrer la Lune, ne jamais revenir ; tandis que les autres suivraient, et qu’une fois le torrent asséché, l’être meure sous l’égide de Satan, asséné de coups meurtriers, sanglants, affreux, destructeurs. La Mort. Enfin. Douce Liberté qu’est la mort, traversant monts et vallées vertes, remplissant les fleuves bleus d’un voile noir, ignorant le temps et l’espace, vivant au travers des âmes qu’elle envole.

La Mort vivrait en mon cœur, faisant ressurgir toutes les peines par son coup mortel, lancerait le début de la fin, la mortelle larme, l’ultime qui, épuisée, me laisserait enfin porter à mon cœur le coup fatal, le dernier qui me toucherait, le dernier, celui qui m’offrirait la vie à travers la douleur. Qui serait là pour me retenir, m’empêcher de fuir ? L’Etoile merveilleuse, lumineuse, chaleureuse, serait-elle là ? M’enlèverait-elle à mon propre bourreau, celui que je voudrais devenir pour ma propre personne, celui que je suis déjà dans mon esprit ? L’Etoile m’arracherait-elle à ce sort pénible, ces chaînes si serrées qu’elles meurtrissent mes poignets et mes chevilles ? L’Etoile serait-elle là, simplement ? Saurait-elle m’aider…

M’aimer, elle le sait déjà, elle le fait si bien, mais elle ne m’a pas sauvée, pas encore. Et pourtant, un note de violon, une note d’espoir résonne encore, sa note, accompagnée de sa voix. Je l’entends, plus encore je l’écoute, je préfère cette note à la voix de la mort, mais laquelle est encore la plus forte. Et pourtant, Dieu sait que je l’aime cette Etoile, mais je ne sais pas qui est Dieu… Je l’aime, cette Etoile, je voudrais suivre son chemin, plus que nul autre, mais la mort, inexorable mort, auprès de cet intérieur menaçant, m’appelle plus fort encore. Même en refusant de l’écouter je ne peux faire autrement, je l’entends, et elle hurle. Elle me crie des choses horribles, c’est de sa faute si elle ne m’a pas tuée avant, et pourtant, je l’en remercie, je n’aurais pas d’étoile si je n’étais pas en vie. Celle-là même qui me maintien en vie, parce que j’ai son chant dans mon esprit, et qu’il est encore plus doux à mon cœur. Et pourtant, je n’ai pas fini ce combat contre la mort, ce combat contre la vie, celle que je devrais mener, celle que je vais mener et celle que je veux mener. J’ai confiance, tant qu’il est avec moi, même si les instants sont douloureux, même si je ne peux voir le visage de mon père se creuser dans le silence, tous les jours un peu plus.

Mon cœur a mal, il a besoin de se réfugier dans l’éternité chaleureuse de l’amour… Il a besoin de se reposer un peu.

26 décembre 2008

Ballade

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Séléné répandait sur la cime des arbres,

La lumière vaporeuse de son ombre de marbre ;
C’était l’heure mystérieuse ou le ciel et la terre
Mêlent leurs flammes pures à l’obscur univers.
Et toi, ô douce reine ! Ô princesse de mon cœur !
Tu gisais là, divine, sur l’autel de l’horreur !
Etendue languissante sur la pierre froide et dure.
Je te vis, ingénue, implorer la fortune ;
Tes accents résonnèrent dans les forêts obscures,
Dans les gouffres profonds et des mortels l’urne,
Mais nul ne répondit à cet appel mourant :
Les hommes agonisaient dans un fleuve de sang,
Les flots impétueux brisaient leurs vagues furieuses
Sur les flancs déchirés des berges malheureuses ;
Les Dieux même n’osaient point sortir de leur retraite,
Dresser leurs bras puissants au dessus de nos têtes !

Ainsi abandonnée des hommes et des cieux,
Enchaînée, éhontée, les cheveux déliées,
Tes longues tresses noires ondulant à tes pieds,
Tu laissas librement s’épancher de tes yeux
Quelques larmes nacrées, perles de désespoir ;
Affligée par la vie et ses incomplétudes,
Tes lèvres murmurèrent dans le calme du soir,
Une prière silencieuse fruit de la solitude :

«Ô vie, vie, vie cruelle ! Cavalière hasardeuse,
J’ai vécu chaque jour sous ton emprise hideuse,
Obéit à tes lois, respecté le destin !
J’ai voulu chaque soir, vivre le lendemain,
Contemplé de mes yeux, le sublime de monde ;
Mes regards ont scrutés les lointains horizons,
Les montagnes sacrées, tous les charmants vallons ;
Je n’y ai jamais vu que des visions immondes !
O vie, vie, vie cruelle ! Sournoise tentatrice,
Sous l’empire de ton chant, vicieuses cantatrice,
J’ai vécu chaque jour victime de ton fruit ;
Laisse-moi désormais trépasser moi aussi ! »

Mais le vent emporta ces paroles de mort ;
Descendu des nuées, il confirma le sort :
Grinçant dans les abîmes, sifflant dans les bois sombres
De ses anneaux violent se mélangeant aux ombres,
Sur tes lèvres fraîches encore, il déposa, rieur,
le souffle imperceptible d'une glaciale langueur.
C’était l’heure la plus sombre où frappe l’abandon,
La vie rompait ses fils de son glaive félon.

Il n’y avait
Que le chant démoniaque de la déréliction.
Les arbres s’assemblaient en cathédrale noire,
Leurs rameaux décharné s’agitaient dans les airs,
Tournoyaient, tressaillaient, transperçaient l’univers ;
Ils déversaient en toi un affreux désespoir.
De leurs branches décharnées cinglants ton beau visage,
Sous la foudre céleste du grondant orage,
Ils apprirent à ton âme l’amertune des jours,
La solitude infâme de ton hideux séjour.

Ô cher ange ! Ô princesse ! Ô charmante créature !
Assaillie par le doute en ces forêts impures,
Affligée par le sort d’une fatale main,
Je te voyais mourir accablé de chagrin !
Enchaînée à la terre, comme le père de l’homme,
Le feu du firmament prolongeait ton tourment :
Du ciel fuligineux aux éclairs flamboyants,
Tel un spectre rapide, tel un ardent fantôme,
Le démon de la mort, apparition morbide,
Dévorait tes entrailles de ses miasmes putrides.

26 décembre 2008

L’éternité amoureuse

115

L’éternité amoureuse :

Chevauchant le zéphyr de ses ailes d’argent,

Tel un frimas fugace, tel un voile d’albâtre,

La lune répandait à l’horizon blanchâtre,

Une pluie opaline, céleste épanchement ;

Sous les cieux embrasés d’une passion mystique,

Deux amants enlacés s’embrassent sous les cieux ;

Leurs lèvres ardentes s’unissent en un chant mirifique,

Et leur amour flamboie dans l’abîme de leurs yeux.

Sur un lit de verdure, bercé par le zéphyr,

Leurs chevelures mêlées, riant des grands empires,

La nuit même, jalouse, les regarde se chérir.

Ô bonheur éternel ! Ô divine volupté !

Unis en un seul corps, embrassés à jamais,

Les amoureux savourent toute l’éternité !

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Watashi no yume
  • J'ai bien peu de prétentions; si peu d'ailleurs que je ne prétends qu'à une seule: être moi-même; ainsi, j'essaierai de me peindre ici même tel que je suis, sans omettre ni vice ni défaut, ni qualité ni belles actions.
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