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Watashi no yume
26 décembre 2008

Ballade

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Séléné répandait sur la cime des arbres,

La lumière vaporeuse de son ombre de marbre ;
C’était l’heure mystérieuse ou le ciel et la terre
Mêlent leurs flammes pures à l’obscur univers.
Et toi, ô douce reine ! Ô princesse de mon cœur !
Tu gisais là, divine, sur l’autel de l’horreur !
Etendue languissante sur la pierre froide et dure.
Je te vis, ingénue, implorer la fortune ;
Tes accents résonnèrent dans les forêts obscures,
Dans les gouffres profonds et des mortels l’urne,
Mais nul ne répondit à cet appel mourant :
Les hommes agonisaient dans un fleuve de sang,
Les flots impétueux brisaient leurs vagues furieuses
Sur les flancs déchirés des berges malheureuses ;
Les Dieux même n’osaient point sortir de leur retraite,
Dresser leurs bras puissants au dessus de nos têtes !

Ainsi abandonnée des hommes et des cieux,
Enchaînée, éhontée, les cheveux déliées,
Tes longues tresses noires ondulant à tes pieds,
Tu laissas librement s’épancher de tes yeux
Quelques larmes nacrées, perles de désespoir ;
Affligée par la vie et ses incomplétudes,
Tes lèvres murmurèrent dans le calme du soir,
Une prière silencieuse fruit de la solitude :

«Ô vie, vie, vie cruelle ! Cavalière hasardeuse,
J’ai vécu chaque jour sous ton emprise hideuse,
Obéit à tes lois, respecté le destin !
J’ai voulu chaque soir, vivre le lendemain,
Contemplé de mes yeux, le sublime de monde ;
Mes regards ont scrutés les lointains horizons,
Les montagnes sacrées, tous les charmants vallons ;
Je n’y ai jamais vu que des visions immondes !
O vie, vie, vie cruelle ! Sournoise tentatrice,
Sous l’empire de ton chant, vicieuses cantatrice,
J’ai vécu chaque jour victime de ton fruit ;
Laisse-moi désormais trépasser moi aussi ! »

Mais le vent emporta ces paroles de mort ;
Descendu des nuées, il confirma le sort :
Grinçant dans les abîmes, sifflant dans les bois sombres
De ses anneaux violent se mélangeant aux ombres,
Sur tes lèvres fraîches encore, il déposa, rieur,
le souffle imperceptible d'une glaciale langueur.
C’était l’heure la plus sombre où frappe l’abandon,
La vie rompait ses fils de son glaive félon.

Il n’y avait
Que le chant démoniaque de la déréliction.
Les arbres s’assemblaient en cathédrale noire,
Leurs rameaux décharné s’agitaient dans les airs,
Tournoyaient, tressaillaient, transperçaient l’univers ;
Ils déversaient en toi un affreux désespoir.
De leurs branches décharnées cinglants ton beau visage,
Sous la foudre céleste du grondant orage,
Ils apprirent à ton âme l’amertune des jours,
La solitude infâme de ton hideux séjour.

Ô cher ange ! Ô princesse ! Ô charmante créature !
Assaillie par le doute en ces forêts impures,
Affligée par le sort d’une fatale main,
Je te voyais mourir accablé de chagrin !
Enchaînée à la terre, comme le père de l’homme,
Le feu du firmament prolongeait ton tourment :
Du ciel fuligineux aux éclairs flamboyants,
Tel un spectre rapide, tel un ardent fantôme,
Le démon de la mort, apparition morbide,
Dévorait tes entrailles de ses miasmes putrides.

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Commentaires
Watashi no yume
  • J'ai bien peu de prétentions; si peu d'ailleurs que je ne prétends qu'à une seule: être moi-même; ainsi, j'essaierai de me peindre ici même tel que je suis, sans omettre ni vice ni défaut, ni qualité ni belles actions.
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