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Watashi no yume
29 décembre 2008

Si ce piano jouait, pour une voix ?

Avant de finir la publication de l'apologie, depuis longtemps fini, je voudrais placer ici un court texte, que l'on ne peut pas classer dans un genre particulier, ni même un registre, et qu'importe, c'est un flot de pensées inachevées que je vous laisse le loisir de découvrir ici.

Si ce piano jouait, pour une voix ?

Ça ne sera jamais, jamais comme il faut… Jamais comme cela devrait être. Et ces efforts sont vains, tous plus les uns que les autres… ça ne sera jamais mon monde, jamais celui dont je rêve, celui dont j’ai tant besoin. Je n’ai pas besoin de vaines gesticulations quand je sais que je meurs, enfermée, inquiète, enchaînée. Je n’ai pas besoin de me mouvoir pour savoir ce qu’il se passe, au dehors. Au dehors, tout semble toujours plus beau, c’est toujours mieux là où l’on n’est pas. Et dehors, c’est plus beau que l’enfer, mon enfer auquel je me vois contrainte tous les jours blâmée et mourant d’inquiétude pour tous. Dedans, dans ma prison, celle dont je ne peux m’échapper, je sais que je ne serai jamais chez moi. Chez moi, c’est où ? Pas ici, là où l’on ne sait pas me rassurer, là où l’on ne sait pas voir les larmes qui coulent de mes joues chaque jour, là où le ne voit pas ma douleur, cette peine lancinante que l’on ne veut pas accepter ; parce qu’elle est jeune et qu’elle ne comprend pas, cette douleur toujours plus présente, cette douleur là, que je ne supporte plus. Je ne suis pas chez moi, je le sais, depuis longtemps déjà. Me suis-je sentie chez moi ici ? Oui, dans le bonheur et l’innocence de l’enfance, lorsque je ne savais pas qui ils étaient, qui j’étais, et ce qu’il y avait dehors. Et dedans, c’est toujours l’enfer, même les rares instants où l’on peut me voir sourire, rire, ne sont qu’éphémères. Factices, non, éphémères, oui. Et il me faut toujours retomber, ne jamais pouvoir assez déployer mes ailes, toujours retomber, dans cet endroit que je ne peux fuir, même avec toute la volonté du monde, je suis retenue par l’amour. Je ne peux abandonner un être aussi cher, aussi souffrant, aussi désespéré, je ne veux pas le briser plus qu’il n’est déjà. Il a tant besoin de soutien, plus que moi, je me dois d’être le pilier qui ne le pousse pas à la mort, puisque le deuxième pilier lui aussi et faible, et que le dernier a cédé. Je me dois de rester à ses côtés, ne jamais m’envoler, même avec lui, je préfère m’enfermer pour le maintenir en vie, puisqu’il ne sait pas le faire tout seul. Et si sa vie doit me coûter la mienne, alors soit, je ne peux l’abandonner ainsi, il est mon père, je n’ai pas le droit de le laisser. Je dois accomplir mon devoir, il est mon père, je ne peux le laisser ainsi gâcher ce qu’il a construit de ses mains, je n’en ai pas le droit. Je suis enchaînée, n’ai qu’un désir, m’envoler, mais j’ai trop peur de le voir tomber à son tour. Je voudrais tant m’enfuir, sur les notes mélodieuses d’un piano bien accordé qui chanterait nos vies joyeuses au monde entier, notes d’espoir et d’éternité, mais je suis enchaînée. Et si ce piano jouait, pour une voix ? S’il sortait de sa torpeur, là ù nous l’avons placé, pour jouer, seul, puisque aucune main n’est là pour caresser ses touches. S’il m’aidait, ainsi, à chanté Liberté, celle que je dois posséder au plus profond de moi, celle qui attend patiemment que je m’envole. Liberté attend au creux de moi, attend que le piano veuille jouer, accorder ses notes au son de ma voix, Liberté à besoin de s’enfuir, j’ai besoin de la suivre. Je ne saurai vivre enfermée toute une vie, je ne pourrai non plus prendre mon envol. Où va ainsi ma vie, si ce n’est pas moi qui la mène ? Qui vit ainsi par procuration ? Qui en est capable au point de se laisser mourir pour son père, celui qui a toujours, sans jamais le dire, veillé sur moi ? Qui peut s’oublier pour un père ? J n’en serai pas capable moi-même, ma volonté est ailleurs, ma volonté veut rejoindre les oiseaux, beaux oiseaux, libres mais jamais toujours. Mais c’est au moins cela, ils volent, ils traverseraient le monde entier s’ils le désiraient, je le veux, laisser moi parcourir les vertueux chemins du monde, ceux que tout le monde chérit, mais craint par peur de l’inconnu. Je préfère vivre cet inconnu, plutôt que de vivre enchaînée à ses pieds, parce qu’il ne peut se relever, parce qu’un pilier s’est brisé, pour se reformer ailleurs, parce qu’elle aussi cherchait sa liberté. Deux êtres sont encore près de lui, mais pour combien de temps encore ? Le premier avait décidé de fuir, il est revenu bien malgré lui. Le second attend que la mélodie résonne. Rien de tout cela n’aurait dû arriver, si seulement je n’étais pas née, personne ne souffrirait ? Si seulement j’étais bercée dans les méandres du temps, perdue entre une étoile et l’autre, dormant paisiblement, attendant la naissance, ou pas, préférant rester léthargique, enfermée dans un coquillage vaporeux, enfermée à jamais, une larme au coin de l’œil. Il n’y a nul besoin de l’appeler pour qu’elle fasse surface, déjà elle est là, attend que la second arrive, pour la pousser sur ma peau, et tomber, être libre à son tour. Un flot interminable commencerait alors, toutes ces perles seraient ravies de s’enfuir, par delà les étoiles, rencontrer la Lune, ne jamais revenir ; tandis que les autres suivraient, et qu’une fois le torrent asséché, l’être meure sous l’égide de Satan, asséné de coups meurtriers, sanglants, affreux, destructeurs. La Mort. Enfin. Douce Liberté qu’est la mort, traversant monts et vallées vertes, remplissant les fleuves bleus d’un voile noir, ignorant le temps et l’espace, vivant au travers des âmes qu’elle envole.

La Mort vivrait en mon cœur, faisant ressurgir toutes les peines par son coup mortel, lancerait le début de la fin, la mortelle larme, l’ultime qui, épuisée, me laisserait enfin porter à mon cœur le coup fatal, le dernier qui me toucherait, le dernier, celui qui m’offrirait la vie à travers la douleur. Qui serait là pour me retenir, m’empêcher de fuir ? L’Etoile merveilleuse, lumineuse, chaleureuse, serait-elle là ? M’enlèverait-elle à mon propre bourreau, celui que je voudrais devenir pour ma propre personne, celui que je suis déjà dans mon esprit ? L’Etoile m’arracherait-elle à ce sort pénible, ces chaînes si serrées qu’elles meurtrissent mes poignets et mes chevilles ? L’Etoile serait-elle là, simplement ? Saurait-elle m’aider…

M’aimer, elle le sait déjà, elle le fait si bien, mais elle ne m’a pas sauvée, pas encore. Et pourtant, un note de violon, une note d’espoir résonne encore, sa note, accompagnée de sa voix. Je l’entends, plus encore je l’écoute, je préfère cette note à la voix de la mort, mais laquelle est encore la plus forte. Et pourtant, Dieu sait que je l’aime cette Etoile, mais je ne sais pas qui est Dieu… Je l’aime, cette Etoile, je voudrais suivre son chemin, plus que nul autre, mais la mort, inexorable mort, auprès de cet intérieur menaçant, m’appelle plus fort encore. Même en refusant de l’écouter je ne peux faire autrement, je l’entends, et elle hurle. Elle me crie des choses horribles, c’est de sa faute si elle ne m’a pas tuée avant, et pourtant, je l’en remercie, je n’aurais pas d’étoile si je n’étais pas en vie. Celle-là même qui me maintien en vie, parce que j’ai son chant dans mon esprit, et qu’il est encore plus doux à mon cœur. Et pourtant, je n’ai pas fini ce combat contre la mort, ce combat contre la vie, celle que je devrais mener, celle que je vais mener et celle que je veux mener. J’ai confiance, tant qu’il est avec moi, même si les instants sont douloureux, même si je ne peux voir le visage de mon père se creuser dans le silence, tous les jours un peu plus.

Mon cœur a mal, il a besoin de se réfugier dans l’éternité chaleureuse de l’amour… Il a besoin de se reposer un peu.

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Commentaires
Watashi no yume
  • J'ai bien peu de prétentions; si peu d'ailleurs que je ne prétends qu'à une seule: être moi-même; ainsi, j'essaierai de me peindre ici même tel que je suis, sans omettre ni vice ni défaut, ni qualité ni belles actions.
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